Retraite au sommet [PV Andreas]

Les choses s'annonçaient très mal pour Lily. Elle était maintenant constamment et anormalement fatiguée, et ses nausées étaient de plus en plus fréquentes. Elle s'affaiblissait à vue d'oeil. Elle savait que ce n'était pas normal. Elle était donc allée à l'hôpital et on lui avait dit que c'était certainement dû à un problème psychologique, à un traumatisme qui serait lié à la grossesse.

*Tu m'étonnes...* avait songé Lily.

Mais ce n'était pas tout : son bébé n'était pas très bien accroché. Bon, il y avait pire, ce n'était pas très grave et ne l'handicaperait pas énormément, mais elle devrait faire attention tout de même à ne pas trop se surmener.

*Super quand on est hyperactive...* avait songé Lily.

Quand elle rentra au QG de la Schya, il était très tard : son taxi avait été bloqué dans les embouteillages.

*Toujours prendre un hover-taxi...* avait songé Lily.

Les hover-taxis étaient des véhicules certes très chers, mais très pratiques car, montés sur coussins d'air, ils permettaient d'éviter les embouteillages. Malheureusement, ils n'étaient pas très nombreux, il était difficile de s'en procurer un.

Bref, il était donc très tard, mais Lily, bien qu'extrêmement fatiguée physiquement, n'avait pas sommeil. Elle décida de monter à la terrasse afin de prendre l'air tranquillement. A cette heure-ci, il ne devait pas y avoir grand monde, voire même personne, et c'était si agréable de contempler Ataxia la nuit depuis là-haut.

Et en effet, lorsque les portes de l'ascenseur s'ouvrirent, Lily vit qu'il n'y avait personne. Elle se dirigea vers le parapet, et s'y accouda, soutenant son menton dans la paume de sa main, et contemplant distraitement la vue.

Andreas revenait d'un rendez vous avec Elysabeth Levy. On pouvait dire qu'il avait passer une très bonne soirée. Il avait décidée de faire un tour sur la terrasse pour se dégourdire les jambes. Soudain, il fut étonné: il aperçut la silhouette d'une jeune femme, une silhouette familière. C'était Lily. Il avança d'un pas rapide, assez joyeux de la revoir.

"Bonsoir, mademoiselle."

Il lui sourit aimablement mais se rendit compte qu'elle ne semblait pas très bien. Andreas savait ce qui pouvait bien la mettre dans cet état là, il avait eu vent de la nouvelle peu de temps avant: leur patron, mais surtout son amant, était décédé. Il ne conaissait pas les raisons de cette mort mais était près à aider son amie.

"Lily, je suis désolé pour la mort de Senora. Sincèrement. Sachez que je suis là, si vous avez besoin de moi et..."

Il hésita à prononcer cette dernière phrase mais la plaça tout de même, quoique dans un murmure calme et doux.

"Je sais à quel point on ce sent mal lorsqu'on perd un être cher, je sais que l'on peut tomber dans un puit sans fond. Sûrement le savez vous, vous aussi, après la mort d'Edward, mais je ne tiens pas à ce que vous tombiez - ou retombiez - dans ce gouffre."

Lily entendit un bruit de pas derrière elle. En temps normal, elle se serait retournée pour voir qui venait vers elle, c'était dans son entraînement, elle se devait d'être méfiante. Mais là, elle était dans l'enceinte de la Schya. Mais aurait-elle agit différamment si elle s'était trouvée ailleurs ? Peut-être voulait-elle laisser le danger venir à elle, afin d'en finir une fois pour toute avec ses souffrances... Ou peut-être pas.

Elle ne se tourna même pas vers son interlocuteur lorsqu'il s'accouda à la ballustrade à ses côtés, mais elle n'avait pas besoin de cela pour l'identifier : elle avait reconnut Andreas au son de sa voix.

Pas une seule fois elle ne détacha son regard de la ville qui s'étendait à leurs pieds, pas une seule fois elle ne le tourna vers lui, et, lorsqu'il eut finit de parler, elle resta de longues secondes muettes.

Puis, elle baissa la tête, ferma les yeux, et dit dans un murmure :

"Je vous remercie de votre soutient... Mais je vous en prie, n'évoquez plus jamais... cet événement."

Sa voix était glaciale...

Elle était encore trop éprouvée pour réussir à citer la mort de Syl. Et Andreas faisait en plus un parallèle avec la mort d'Edward.

*Serais-je maudite ? Me serait-il interdit d'aimer ?*

Ce n'était pas la première fois qu'elle songeait à ceci...

Elle secoua la tête, se reprenant.

"A vrai dire, j'essaye de chasser cela de mon esprit. J'ai... J'ai d'autres soucis en tête en plus de cela."

Elle hésitait à lui parler de sa grossesse. Elle devait rester aussi secrète que sa liaison avec Syl l'avait été. Mais Andreas n'était pas n'importe qui.

Andreas ne fut pas étonné par sa réaction, distante et froide. Le contraire en revanche, l'aurait troublé. Il conaissait assez Lily pour savoir que celle-ci n'était pas aussi forte qu'elle le prétendait moralement. Dans le fond, personne ne l'était vraiment lorsqu'on sait trouver la faille en chacun.

"Je comprend. Je n'évoquerais donc plus ce sujet, sauf si je n'en avait pas le choix. Mais rassurez vous, on a toujours le choix."

Il la regarda avec douceur et ajouta:

"Cependant, je sens que vous me cachez autre chose. Vous n'êtes pas obligée de m'en parler, c'est à vous qu'appartient le choix. Mais n'oubliez pas que nous sommes amis, du moins je nous qualifie comme tels, et en tant qu'amis nous devons nous faire confiance. Je ne vous jugerais pas, mais ne vous pousse à rien. Faites comme bon vous semble."

Ces paroles étaient raisonnées et sincères.

Ces paroles achevèrent de convaincre Lily. Elle focalisa à nouveau son regard sur la ville qui s'étendait à leurs pieds, si immense, qu'on ne pouvait en appercevoir les limites. Et, tout de go, elle déclara, d'une voix légèrement troublée, cette fois :

"Je suis enceinte."

Elle baissa à nouveau la tête, fermant les yeux. Une larme coula sur sa joue, mais l'obscurité l'avait peut-être cachée aux yeux d'Andreas.

Elle secoua la tête, et passa discrètement et rapidement sa main sur sa joue, essuyant la larme sur sa joue.

"Bien sûr, cela doit rester secret à tout prix."

Une brisa glacée ébouriffa les cheveux d'Andreas. Le jeune homme venait d'entendre la révélation de son amie et en était resté béat. Il prit quelques secondes avant de se remettre à parler, bien qu'il ne sache pas quoi dire. Il essaya d'être toujours aussi sincère que possible.

"Lily... je vous promet de garder le secret, même si ma vie était mise en jeu. Et, je sais que cela sera douloureux, que vous n'y avez pas forcément réfléchi et peut être m'en voudrez vous mais je préfère être directe."

Il resta silencieux quelques instants puis demanda enfin:

"Tout d'abord, comptez vous garder l'enfant ? Et ensuite, sachez que si vous souhaitez mon aide lorsqu'il ou elle sera là, vous l'aurez."

Lorsqu'il lui demanda si elle comptait garder l'enfant, son sang de fit qu'un tour. Elle se tourna violamment vers lui, ses yeux lançaient des éclairs, et elle leva la main pour le frapper.

Mais soudain, ses yeux s'agrandirent, tandis que plus aucune flamme, si ce n'est celle de la peur, de la peur d'elle-même, ne brûlait en eux. Elle baissa le bras et enfoui son visage dans ses mains.

"Par... Pardonnez-moi... Je ne sais pas ce qu'il m'a prit..."

Elle releva la tête, ses yeux étaient emplis de larmes, mais elles ne coulaient pas.

"C'est si douloureux, pour moi. C'est comme si... s'il revivait."

Elle passa une main sur son front.

"Alors... Alors..."

Elle hésitait. Son médecin lui avait posé cette question, mais elle n'avait pas répondu. Il était temps désormais de prononcer sa décision.

"Alors... Oui, bien sûr que je vais le garder."

Elle était clairement bouleversée.

Andreas fut troublée de la voir ainsi, en larmes. Il la trouvait à la fois affaiblie et courageuse. Il posa une main sur l'une de ces épaules et de l'autre, il essuya ses larmes.

"Ne pleurez plus. C'est déjà quelque chose de très fort et de très bien que vous acceptiez de garder cette enfant. Peut être avez vous raison: dans le fond, il revit au travers de cet enfant, de votre enfant. Je sais que vous serez une bonne mère et n'hésitez jamais à me demander de l'aide."

Il lui sourit chaleureusement.

"Allons Lily, souriez, il souhaite sûrement vous voir heureuse, en bonne santé et souriante plutôt qu'en larmes. D'ailleur sa me fait penser que vous devriez vous reposer. Et attention, j'y veillerais personnellement."

Il lui fit un clin d'oeil, tentan de la rassurer.

Lily lui était sincèrement reconnaissante, mais elle n'était vraiment pas en état de plaisanter. Elle le repoussa sans méchanceté, évitant de croiser son regard.

"S'il, je veux dire l'enfant, n'avait pas été là... Je crois que j'aurais mis fin à mes jours." avoua-t-elle.

Elle repensa alors à Olivier Maxter, qu'elle avait croisé en se rendant au cimetière et avec qui elle avait passé des moments bien particuliers.

*Lui non plus, s'il n'avait pas été là, je crois bien que je ne serais plus de ce monde à l'heure qu'il est...* songea-t-elle, non sans esquisser un léger sourire.

Elle secoua la tête.

"Je sais que je dois me reprendre, mais... c'est... c'est un fardeau pour moi, plus qu'une joie, à vrai dire... Je sais aussi que je dois me reposer, d'autant plus que... que le bébé n'est pas très bien accroché. Mais je n'arrive pas à trouver le sommeil, mon être est bien trop agité."

Andreas prit un air grave.

"Alors tant mieux qu'il soit là."

Il l'écouta attentivement et réfléchi à quelques solutions.

*Un fardeau ? En même temps, elle est si jeune et le père de l'enfant est mort, je comprend ce qu'elle doit ressentir même si je ne sais pas ce que c'est réellement. Je dois pourtant faire tout pour l'aider !*

"Pour ce qui est du sommeil, allez voir le médecin de la société. Demandez lui des conseils ou peut être même des médicaments qui ne seraient pas nocifs pour l'enfant. Je suis sûr qu'il trouvera quelque chose. Si il n'est pas bien accroché, raison de plus pour vous reposer."

Il la fixa intensément, espérant qu'elle accepte ses propositions.

Mais Lily secoua la tête en signe de négation.

"Je ne veux pas avoir affaire à des gens de la Schya. Tant que je pourrais dissimuler ma grossesse, je ne veux pas que ça se sache à la Schya. Je vais à la clinique d'Ataxia. Je paye des sommes astronomiques, mais au moins, je suis assurée qu'ils gardent le secret. Et de plus, j'ai plus que largement les moyens de me payer ces services."

Elle s'accouda à nouveau à la ballustrade, son regard se perdant dans l'immensité de la ville.

"Selon le médecin que j'ai vu, je ne suis pas obligée de stopper tout à fait mes activités, mais je dois me ménager... Seulement, je me sens si affaiblie que je crois que je vais être rapidement mise hors course..."

Elle soupira et se pecha, posant son front brûlant de fièvre sur la froide balustrade de fer. Puis elle se redressa et continua :

"Heureusement, le nouveau boss m'a assurée non seulement qu'il ne me virerait pas, mais qu'il s'occuperait personnellement de ma protection."

Elle ne voyait pas en quoi cela pouvait être un secret pour Andreas maintenant qu'il était tout à fait dans la confidence.

En effet, elle avait récemment rencontré le nouveau boss, qui s'était avéré avoir été le garde du corps personnel de Syl, et qui avait donc été mis au courant par Syl en personne de leur relation. Il avait veillé sur lui et Lily, jusqu'à ce que Syl lui permette de retourner dans son pays natal pour se receuillir sur la tombe de ses parents. C'est alors qu'avait eut lieu le meurtre...

"C'est vrai. Pour garder le secret, mieux vaut aller à l'extérieur de la société. Et je préfère vous savoir au repos, personnellement je ne veux pas que vous vous surmeniez. Et heureusement que le nouveau boss ne vous vire pas: ce serait inhumain et il le sait sûrement."

A la fin de ces quelques mots, Andreas l'observa et constata qu'elle était fièvreuse.

"Vous devriez rentrer désormais. Si vous tombez encore plus malade, cela pourrait devenir dangeureux. Rentrez s'il vous plaît."

Il posa une main rassurante sur son épaule. Pourtant, Andreas était assez tracassé. Lily lui semblait au plus bas, moralement.

*Elle a vraiment besoin d'aide. Je veux vraiment qu'elle aille mieux. Et je sens qu'elle aura besoin de mon aide. En tout cas, je ne lui parlerais pas d'Elyzabeth pour le moment, ce n'est pas gentil d'afficher son bonheur devant une personne qui va mal. Sa pourra attendre.*

Lily soupira et repoussa un peu vivement la main d'Andreas sur son épaule. Elle était touchée par ses attentions, mais cela l'énervait tout de même un peu. Ses craintes se confirmaient : maintenant qu'elle était enceinte, elle passait pour une faible, une petite chose fragile qui a besoin de protection. Exactement le contraire de ce qu'elle avait été formée à devenir.

Elle serra les dents et les poings de rage. Vraiment, cette situation ne lui convenait pas.

Un sentiment étrange naissait en elle. Quelque chose qui hésitait entre la haine et l'amour envers son bébé. C'était vraiment très étrange, et très difficile à gérer... et cela l'affaiblissait moralement encore plus.

"Je... euh..."

Elle ferma les yeux et baissa la tête, ses longs cheveux noirs glissant devant son visage.

"Ne me donnez plus de conseils, s'il-vous-plaît..." murmura-t-elle. "Cela me donne le sentiment d'être une assistée et... c'est vraiment difficile à supporter pour moi..." avoua-t-elle.

Andreas se laissa repousser par son amie. Il l'observa longuement Lily. Il ne pouvait pas dire qu'il comprenait mais il compatissait. Il comprit très vite le problème qu'avait Elyzabeth. C'était de sa faute.

"Pardonnez moi. Ce n'est pas que je vous prenne pour quelqu'un qui à besoin d'assistance ou d'aide. Je sais que vous êtes très forte. Non, je voulais juste veiller à ce que mon amie ne manque de rien. Je suis un peu trop protecteur en fait. Une fois encore, pardonnez moi. Je vous promet de ne plus recommencer. Et bien, faites comme vous voulez alors."

Il lui sourit avec gentillesse. Il essayait de se faire pardonner. L'amitié de Lily Roverandom lui était très précieuse et il ne voulait pas la perdre, surtout pas par sa faute. Il prit donc soin de tenir sa promesse. Andreas prit un peu de recule pour qu'elle sente qu'il gardait ses distances mais il l'observait. Tout de même, cela lui était bien étrange que son amie soit enceinte, qui plus est de leur ancien patron. Mais il ne la jugeait pas pour autant. Lui même était depuis peu avec une jeune femme de l'organisation.

Lily soupira, un peu honteuse, et s'accouda à la balustrade, soutenant sa tête dans ses mains, son regard se perdant dans l'immensité de la ville qui s'étendait à leurs pieds.

"Je... Je vous en prie, vous n'avez pas à vous excuser. Vous ne pouviez pas savoir et... Enfin... C'est moi qui suis bizarre, je suppose."

A nouveau, elle essuya une goutte de sueur qui perlait sur sa tempe, alors que son teint blanchissait à vue d'oeil et qu'un vertige l'assaillait encore une fois. Elle serra les dents et fronça les sourcils, en colère.

En colère contre elle-même, contre sa faiblesse, et même... contre Syl, et le bébé.

Elle serra la balustrade entre ses mains, ses jointures blanchissant sous la pression.

*Ouais... plus bizarre, tu meurs...* songea-t-elle amèrement, se rendant compte de l'ignomité de ce sentiments de colère envers des innocents, et surtout envers celui qu'elle avait aimé et envers ce en quoi il vivait toujours.

Andreas l'observait toujours. Il était vraiment étonné par la force que dégageait Lily. Finalement il se redressa et réfléchit.

*Peut être a-t-elle envie de rester seule ?*

"Dites moi Lilly, vous voulez que je reste ou non ? Je peux partir et puis, j'ai quelqu'un qui m'attend en bas."

Il faisait bien sûr allusion à sa chère Elizabeth. Mais sa priorité était Lilly: si elle voulait qu'ils restent à bavarder, ne serait-ce que pour simplement discuter, il resterait. Il devait rester là pour elle, non pas qu'il la trouve faible mais il se trouverait immonde si son amie tombait dans de grosses difficultées et qu'il ne le voyait pas ou pire, qu'il ne s'en préoccupait même pas ! Tout dépendait d'elle.

[désolée pour la réponse tardive, j'avais pas vu que t'avais répondu :s]

Lily secoua la tête.

"Je... Faites comme vous le sentez. Si quelqu'un vous attend, peut-être vaudrait-il mieux que vous alliez retrouver cette personne."

Elle s'appuya à la rembarde et enfoui son visage dans ses mains quelques minutes, le temps de reprendre des esprits. Ses vertiges étaient de plus en plus forts, en effet, et elle avait de plus en plus de mal à se tenir debout.

"Moi-même, je crois que je ferais mieux d'aller me reposer." finit-elle par avouer.

"Je n'ai pas sommeil mais... mon corps réclame du repos à tort et à travers."

Elle soupira profondément.

"Je déteste me sentir si faible... J'ai l'impression d'être un boulet pour la Schya, et pour moi-même. Je ne supporte pas de me sentir inutile et impuissante."

» Andreas Timverstel