Assis en tailleur sur un petit monument

Olivier était assit sur le monument qu'il avait fait construire en l'honneur des membres de feu le groupe Chaos Puppeters. Usant de divers subterfuges via l'informatique, on n'avait pu le retracer pour lui faire sa fête à lui aussi. Qu'importe, le monument avait été construit et c'était pour lui le principal.

Son ordinateur posé sur ses genoux, Olivier traaillait. Il était en train de jouer dans le système électronique du cimtière: gicleurs, lumières, enregistrement musicaux...

"Les gars et les filles, je vous offre un anniversaire de mort des plus débile qui soit. Treize ans, notre chiffre fétiche, faut fêter ça quand même!"

Il appuya sur une série de touche et le cimetière, tout du moins son ambiance, ressembla soudainement à un show de rock: Bande son pour les enterremetn reconfigurée et personnalisée, modification de la force d'éclairage, gicleur qui partaient en succession au lieu des jets de flammes classiques: une ovation digne de la petite organisation. Olivier entonna donc la chanson préférée du groupe, se rappelant les souvenirs du passé.

"Howling winds keep screaming round
And the rain comes pouring down
Doors are locked and bolted now
As the thing crawls into town

Straight out of hell
One of a kind
Stalking his victim
Dont look behind you

Nightcrawler
Beware the beast in black
Nightcrawler
You know hes coming back
Night crawler"

Il allait entonner à tue-tête le reste de la chanson quand son ordinateur bippa: alarme de proximité. Un intrus dans sa petite fête privée? Il sortit discrètement son fidèle Walter P99. L'intrus allait se prendre une balle dans les gencives au moindre signe dagressivité...

Lily descendit du taxi qui l'avait conduite là où les deux seuls hommes qu'elle avait jamais aimé l'attendaient désormais : au cimetière d'Ataxia.

D'un pas lent, elle se dirigeait vers les portes du cimetière, les réverbères étirant sa silhouette sur les trottoirs déserts à cette heure avancée de la nuit.

Elle était habillée comme à son habitude : tailleur jupe courte noir, avec chemisier blanc, cravate noire, et un long manteau, noir aussi, qui dissimulait son Desert Eagle. Son visage était vide d'expression, bien qu'il soit blafard, alors que d'ordinaire, son teint était semblable au rose d'une pêche.

Alors qu'elle se rapprochait du cimetière, elle entendit comme des basses, et finalement de la musique, puis elle apperçut même des spotlights.

Intriguée, elle pénétra dans l'enceinte, et avança parmi les tombes. Le spectacle qui s'offrit à elle était si inhabituel qu'elle en oublia presque la raison première de sa visite. Cachée derrière une stèle, elle observait cette étrange fête solitaire, se demandant bien ce que cela pouvait signifier.

"Eh! la petite miss cachée derrière la stèle! Sort de là avant de salir tes vêtements!"

Dit Olivier.

"Infrarouge, vison nocturne et rayon X, si un me révèle ta présence, ils me le révèlent tous!"

Il augmenta encore davantage le volume: la jeune femme étant près d'un haut-parleur, elle n'allait sûrement pas tarder à sortir pour ne pas devenir sourde...

Surprise, Lily s'exécuta. Elle sortit de sa cachette, se bouchant les oreilles et indiquant par la même occasion qu'elle n'avait pas l'intention de se battre - sinon, elle aurait déjà vite fait d'avoir prit son Desert Eagle en main et d'avoir décoré de jolies dentelles les vêtements de l'homme, ce qu'elle aurait certainement fait, en temps normal.

D'un pas machinal, elle s'avança vers le jeune homme en le regardant avec curiosité.

*C'est quoi ce gus...* songeait-elle.

Ce n'est pas tous les jours qu'on croise quelqu'un à faire une fiesta en solitaire dans un cimetière.

Olivier baissa le son de la musique et d'un geste de la main, il indiqua à la jeune femme.

"Bienvenue parmi les membres de Chaos Puppeters, vivants et morts confodus!"

Dit-il avec un sourire en coin.

"Je célébrais leur treizième anniversaire de mort. Treize, c'était notre chiffre fétiche!"

Lily s'avança encore un peu plus, regardant tout autour d'elle. Elle analysa les paroles du jeune homme, et en déduit qu'il devait être le seul membre encore vivant de ce groupe, qui lui était d'ailleurs inconnu.

Son visage restait impassible, et elle semblait enfermée dans son mutisme. Depuis la mort de Syl, elle n'avait pas montré signe de la moindre émotion. Elle n'avait pas même pleuré. Toute sa douleur était encore enfouie en elle, et pourtant elle s'obstinait à la refouler.

Elle arriva au pied du monument où le jeune homme se tenait assis et leva un regard vide vers lui, son teint blafard rendu encore plus cadavérique par la lumière crue des spotlights.

"Toi tu files pas, ça se voit. Il se trouve que j'ai ici une bouteille du meilleur alcool de la ville! Ça délie les langues et ça fait du bien au coeur!"

Dit olivier en lui tendant la bouteille.

"T'as rien à craindre de moi, je ne suis pas ici pour déclencher une guerre mais pour me recueillir."

Le regard vide de Lily alla du jeune homme à la bouteille, puis de la bouteille au jeune homme, et s'arrêta finalement sur la bouteille qu'elle prit dans sa main d'un geste décidé. Elle l'ouvrit et bu directement au goulot. Cela ne lui ressemblait pas, mais on ne pouvait pas dire qu'elle était dans son état normal. Si elle l'avait été, jamais elle n'aurait accepté d'avaler quoi que ce soit venant d'un inconnu.

Mais elle traversait une phase de "de-tout-façon-j'ai-plus-rien-à-perdre"...

Elle vida d'une traite le tiers de la bouteille puis, évitant le regard du jeune homme, la lui tendit, alors que ses joues commençaient à s'empourprer légèrement à cause de l'alcool.

Un grand sourire joua sur les lèvres d'Olivier.

"T'en a plus besoin que moi, je te l'offre de bon coeur. Voyons voir qui tu es petite demoiselle..."

Il se brancha sur le réseau du gouvernement (ce qu'il en restait tout du moin) avant d'anoncer d'un ton joyeux.

"Lily Roverandom, 22 ans, garde du corps comme sa famille avant elle. Je suis prêt à parier un million de dollars que t'es de la Schya. Ton habillement et ton contrôle des émotions sont des signes assez révélateurs..."

En d'autres circonstances, Lily l'aurait tout simplement dégommé pour en savoir trop. Mais là, elle se contenta de hocher la tête, sans rompre le contact visuel avec lui. Puis, elle reprit une gorgée du liquide alcoolisé, le sentant lui brûler légèrement la gorge.

Enfin, elle prononça ses premières paroles, non pas depuis la soirée, mais en fait, depuis la mort de Syl.

"Ouais... T'as tout bon..."

Sa voix trahissait sa faiblesse mentale. Elle reprit :

"Sauf sur un truc : je ne contrôle pas mes émotions. C'est mon état normal."

Mais en réalité, était-ce bien la vérité ? Ne cherchait-elle plutôt pas à s'en persuader ? N'agissait-elle pas comme après la mort de son premier amour, Edward, en refoulant toute émotion ?

"C'est fréquent se mentir à soi même de par chez vous? On ne naît pas bloc de marbre, on le devient Lily. Ou est-ce qu'il y a un tire pour les types de la Schya du genre exécuteur de première classe ou je ne sais trop? Je suis un hacker hors pair mais j'ai mes principes: on ne touche pas aux informatios des hypercorporations!"

Dit Olivier.

"Tu veux en parler? Cette tête que tu vois est remplie de secrets, qui comblent les morceuax d'âme qui sont partis avec les gens que j'aime..."

Proposa Robert. Pendant un moment, il eut l'air d'avoir vieilli de vingt ans...

Lily le fixa quelques secondes encore de son regard vide, puis quelque chose s'alluma dans ses yeux qui ne tardèrent pas à s'humidifier malgré elle. Une larme coula bientôt sur sa joue, et elle préféra tourner le dos, se laissant glisser sur le sol, adossée au monument.

Ses larmes coulaient en silence, seuls les soubresauts agitant ses épaules pouvaient témoigner de ses pleurs.

Finalement, d'une voix légèrement troublée par ses sanglots, elle dit :

"Durant ma formation, on m'a apprit que je ne devrais jamais aimé. J'y ai failli. La vie m'a punie, par la mort. Je suis ensuite promis de ne plus jamais aimé. J'ai de nouveau failli, et la vie m'a de nouveau punie, de la même façon."

Elle passa une main sur sa joue pour essuyer ses larmes.

"Et bien ça arrange les choses alors parce qu'on m'a dit un jours qu'un hacker ne pouvait aimer et j'allais te dire que tu étais ravissante et te demander si on pouvait être de bons amis et qui sait..."

Dit Robert sans gêne aucune.

"Excuse la franchise,c'est comme ça chez les Maxter."

Lily sécha ses larmes. Cracher le morceau lui avait fait du bien. Elle pensait retrouver son habituelle passivité, se remettre à ne plus être qu'une coque vide de toute émotion, comme après la mort d'Edward, son premier amour, mais se surpris à être toujours apte à éprouver des sentiments, en l'occurence : douleur, tristesse, mais aussi une certaine euphorie, dûe très certainement à l'alcool. En revanche, elle qui était toujours sur ses gardes n'était plus du tout méfiante.

Elle se releva, fit à nouveau face au jeune homme, le regardant dans les yeux, et dit calmement :

"C'est rien, Monsieur... Maxter ?"

"Olivier. Olivier Maxter. Pour une fois que je trouvais quelqu'un qui égalait ma défunte Lydia en beauté, il fallait qu'elle aussi soit une âme en peine!"

Dit Olivier en indiquant un nom sur le monument.

"Morte le jour du marriage!"

Le visage d'olivier perdit toute couleur, comme en proie à une intense douleur.

Lily sentit sa gorge se serrer en l'entendant évoquer ainsi un fait aussi triste, puis lorsque son visage pâlit, manifestement sous la douleur du souvenir. Elle ne fit pas attention à l'espèce de compliment qu'il lui avait fait. Elle sourit, un sourire paisible, et dit d'une faible voix :

"Qui ne l'est pas, en peine, dans cette ville cruelle ?"

Cela lui allait bien de dire cela, elle, la redoutable tueuse au sang froid irréprochable. Enfin, pas si irréprochable que cela, depuis que les émotions avaient été à nouveau éveillées en elle.

D'un air entendu, elle lui tendit la bouteille.

"J'ai mieux."

Dit Olivier en sortant une fiole de sa poche qu'il cala d'un trait. Ses joue s'empouprèrent sous l'effet de l'alcool.

"Ouais! Ça tape!"

Dit-il d'une voix incertaine.

Lily haussa les épaules avec un sourire.

"Bon ben, à la votre, alors !"

Et elle s'enfila encore un second tiers de la bouteille d'une traite. Lorsqu'elle eut fini, elle chancela dangereusement mais reprit son équilibre au dernier moment. Ses joues étaient encore plus empourprées et une lueur étrange s'était allumée dans son regard.

Elle recula de quelques pas et s'assit sur une stèle qui était à la hauteur d'un siège.

"Tu peux venir t'asseoir ici si tu veux. Y a en masse de place!"

Proposa Olivier.

"Faut vraiment que j'ai de l'alcool dans le corps pour agir comme ça..."

Dit-il, stupéfait.

Pas farouche, Lily se releva, avec quelques difficultés, il faut bien l'avouer, et alla s'asseoir à côté d'Olivier. Elle resta un instant silencieuse, fixant un point dans le vide, puis ricana et dit :

"Héhé... Et moi donc ?"

Elle avait conscience de ne pas être dans son état normal. La douleur et l'alcool ne font jamais bon ménage. Mais puisqu'elle n'avait plus rien à perdre...

Son regard suivait d'un air absent le trajet des spotlights sur les inombrables sépultures. C'était vraiment un spectacle très étrange.

"C'est beau hein? Et attends de voir quand tout ça va prendre en feu ça va être malaaaaaade! Lydia aurait adorée, c'était la diablesse du groupe. Mais j'ai toujours dit que rite sataniques et informatique c'était pas à combiner..."

Olivier partit d'un rire stupide.

"Une fois y fallu exorciser son portable! Rhihihihihi!"

Lily lui jeta un regard en coin quelque peu intrigué, ignorant les dernières répliques, étant donné que quelque chose avait attiré son attention en particulier.

"Euuh... Bruler ? Hem..."

Elle rit jaune, mal à l'aise.

"Tu... Tu plaisantes, hein ? Faut le prendre au figuré, hein ?"

Elle lui donna un coup de coude.

"Hé... T'as pas l'intention de cramer la place, quand même ? Te... T'as pas intérêt !"

"À quoi ça sert de s'appeler Chaos Puppeters si y a pas de chaos hein?"

Demanda Olivier, surprit.

"Ça va être le pétard du siècle!"

S'efforçant de refouler son côté légèrement saoul, Lily se releva et fit face à Olivier. Elle avait l'air inquiète, mais aussi en colère, d'une certaine façon.

"Non... Non, tu peux pas faire ça. Attaque toi à un paté d'immeubles si tu veux, mais laisse les morts en paix, ils l'ont bien mérité."

Ses mains tremblaient, elle ne pouvait immaginer l'endroit où reposaient les deux personnes qui avaient le plus comptait à son coeur détruit par les flammes.

"Ça... Ça te fais rien de profaner ainsi des milliers de tombes ?"

Elle en avait presque les larmes aux yeux.

"Je touche pas aux tombes, juste au décor. Mes potes auraient adoré!"

Dit Olivier.

"Bon, BDY... C'est bon... 33f7..."

Dit-il, initiant une séquence.